Jeter le bébé avec l’eau du bain

(blogue, papier, ciseaux)

J’ai un peu hésité avant d’aborder ce sujet. Pas par manque d’argument, mais plus pour une question de cohérence. J’aime le papier, et je crois que je l’aimerai toujours, mais défendre le papier sur un blogue, c’est un peu bizarre. Toutefois, après y avoir réfléchi, c’est peut-être exactement l’endroit où en parler. Viser le bon lectorat. Aller à la pêche aux commentaires parmi les principaux intéressés. Couper ou ne pas couper, dans le papier? Telle est la question!

Le combat du numérique contre le papier

Est-ce que le numérique est mieux que le papier? Est-ce qu’il va un jour le remplacer définitivement?  Plusieurs acteurs, publics et privés, font actuellement la promotion du « virage numérique ». Cela nous permettrait de devenir une société efficace, performante et tournée vers l’avenir. Plus écologique aussi. Par la même occasion, ce « virage numérique » nous permettrait d’éliminer le papier, qui deviendrait chose obsolète, puisque tout pourrait se faire à l’aide de nos téléphones intelligents. Mais que dire de l’odeur du papier, de ce doux effluve, de cette odeur de pain chaud sortant du four lorsque je fais glisser les pages d’un Petit Robert entre mes doigts frémissants? Bon, je m’emporte et m’éloigne du sujet me direz-vous.

Livre téléchargé directement sur un appareil numérique.
Si l’on pouvait télécharger l’odeur du papier ainsi, le numérique y gagnerait sûrement quelques points.

Pour ma part, je crois que c’est peut-être à cause de ces prémisses qu’on finit par avoir tout faux.

Nous avons connu un courant qui se qualifiait de « virage technologique ». C’était dans les années 80, mais on voit que les slogans ne varient pas beaucoup depuis toutes ces années. Une panique généralisée s’était installée dans le milieu de l’éducation, car nous avions très peu d’ordinateurs dans les écoles. La compétitivité des élèves québécois était en péril et l’avenir de notre société aussi. Nous n’allions pas survivre. C’était la débandade.

Presque en catastrophe, des laboratoires d’ordinateurs sont apparus. Qu’est-ce qu’on y faisait? Pas grand-chose pour être honnête. Les professeurs ne savaient pas comment les utiliser, alors nous jouions le plus souvent à « solitaire » ou aux « démineurs » pendant nos périodes d’informatique.  J’ai appris à me servir d’un ordinateur plusieurs années après. Vers la fin des années 90.

Aucun gagnant, aucun perdant

Le problème, au secondaire, c’est que nous n’en avions pas besoin. Le point principal est que le numérique, comme l’informatique à l’époque, a sa place là où il est utile. Et le papier aussi. Promouvoir le numérique en arguant qu’il permet d’éliminer le papier est un prétexte. Par exemple : les boîtes d’échange de livres. Pour l’instant, on voit mal le numérique prendre la place de ce concept de plus en plus populaire. Et recevoir une carte postale ou une lettre par la poste apporte tout de même une touche plus chaleureuse que le courriel.

Le chemin de fer, les voiliers, les dirigeables et même le code morse et la radio transmission font toujours partie de notre environnement. Ils ont leurs places et leurs avantages, tout comme le papier. Le numérique est un outil formidable, mais il n’est pas là pour remplacer quoi que ce soit : il est là pour le compléter. Longue vie au papier qui sent bon et bonne continuation au numérique qui le complète.

3 Replies to “Jeter le bébé avec l’eau du bain”

  1. Le débat du papier versus le numérique, et vice-versa, n’a pas changé depuis les années 90, et je ne crois pas que ça va changer d’ici peu. J’aime la rapidité du numérique et j’aime le travail tangible dans le papier. Toutefois, le papier peut rester anonyme, sans être lu par les gouvernements (merci, Edward Snowden pour la paranoïa!) et on dirait que ça me parle cette discrétion dans un monde trop voyeur. Pas vous ?

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  2. Bonjour Jennifer,

    Vous apportez un point très intéressant, je n’y avais pas pensé sous cet angle. En effet, le papier peut parfois être plus discret. La lettre que l’on fait brûler après lecture va peut-être revenir au goût du jour! 😉

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  3. Je suis d’accord avec vous. S’il est vrai que le débat entre papier et numérique fait rage depuis des années, je crois qu’il faut le considérer avec un brin d’histoire, si vous me permettez l’expression. Plusieurs se sont écriés aux premières représentations des films cinématographiques : ce sera la mort du théâtre ! Et pourtant, cet art est encore pratiqué. Certes, il mute, il renait, il s’adapte à une société sans cesse changeante. Ainsi, à l’image du théâtre, je crois que le papier s’adaptera et mutera afin de trouver sa place dans une ère numérique.

    Après tout, n’utilisons-nous pas toujours des chandelles malgré l’arrivée de l’électricité ?

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